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RECIT DE LA DIAGONALE DES FOUS 2021 A DEUX

 

Il y a la Diag et les autres. En somme, la Diag c’est la Diag, et puis basta. Un terrain unique sur une île magique qualifiée d’intense, je confirme. L’édition 2021 (suite au report de l’édition 2020, merci VIDOC 19 , ahah) prend une saveur particulière car l’objectif est de la terminer à deux avec mon comparse Jérôme Moreau main dans la main, vaste programme. Mais pour ce faire, il faudra venir à bout des 160km et 9500 m D+ en version On/Off, genre de montagnes russes au terrain technique et cassant. La course la plus difficile du monde nous tend les bras et attends nos pieds motivés, le chantier peut commencer…sortez vos pelles et vos pioches !

 

On attend patiemment dans les sas de départ, VIDOC oblige (5 vagues différentes espacées de 10 minutes chacune). Manque de bol je suis dans la vague 2 et Jérôme dans la vague 3. Pas de lézard, on s’adapte et on convient de se rattraper avant le premier ravito pour pouvoir enfin commencer notre Diag tous les deux.

 

Le départ:

Il est 21h10, c’est parti, pour ma vague et il y a une foule incroyable le long du parcours, la population de Saint-Pierre a répondue présente, c’est fort, unique, un air de Tour de France par endroit, bref la fête bat son plein et je suis très heureux de communier ses instants avec toute cette ferveur. Jérôme part 10 minutes après ma vague et comme prévu, ben oui dès fois ça se passe comme prévu, il me rejoint un peu avant le premier ravito (domaine vidot). Il n’a pas chômé le Jé, une machine.

 

Notre premier objectif est d’atteindre CILAOS, première base de vie, vers 10h du matin vendredi. Et bien on a fait plutôt fort car on arrive à CILAOS à 8h47 après avoir passé notre première nuit complète dehors, parcourus 66 km et déjà 3300m D+ en 11h37. Un bon départ en somme. Un bon départ oui, mais un départ un peu rapide. D’un commun accord, nous décidons de réduire le rythme car la route est encore longue et jonchées d’embûches et autres aléas sauce pimentée. Les paysages traversés sont toujours aussi bluffant, sauvages, abrupts et techniques. Du costaud, du brut à l’état pur, aucun cadeau, ça monte et ça descend et ça remonte de façon vertigineuse, à en faire tourner la tête.

 

 

On se change, se restaure (merci Beautysané et ma conseillère nutrition particulière Marie-Pierre), petit massage rapide et nous voilà prêt pour affronter le sentier Taïbit , suivi de Marla, du sentier Scout, de l’îlet à bourse, puis Grand place, et enfin Roche Plate (mon cul, c’est pas plat du tout), l’îlet des orangers (je chercher encore les fruits et les arbres d’ailleurs…) et enfin Deux-Bras (la deuxième bas de vie). Les deux larrons ont géré cette journée dense, copieuse et pleine de résilience et de chaleur. Mon dieu que ce soleil fait mal quand il rayonne à son zénith. Nous atteignons Deux-Bras avec encore nos deux jambes, ce qui est déjà une bonne nouvelle, à 5h du mat (toujours pas de frisson, rohhhh) après notre deuxième et dernière nuit complète dehors. Cela fait déjà 32h que nous crapahutons avec une certaine régularité et une entente admirable entre nous deux. Quelques tranches de sommeil de 15 minutes aux nombre de 2. Franchement on dirait un petit couple ou chacun fait attention à l’autre pour adapter la progression et le rythme sans s’impacter mutuellement. Ca tourne comme une horloge, pas encore suisse, mais une horloge quand même. On se repose un peu, une petite demi-heure, car on sait ce qu’il nous attend dès la sortie de la base de vie: la montée de Dos d’Ane. A cet instant, nous avons parcouru 126,7 km et 7963m D+, bref on a fait un gros 2/3 du chantier et les acteurs sont plutôt en bonne forme (le casting est un succès !). Pas de bobo, les jambes juste un peu lourdes mais pas trop, le moral intact et les sourires présents, ça sent bon tout ça! Ben oui ils nous restent 30 gros kilomètres à avaler, une paille, de fer, mais une paille tout de même. On commence à sentir l’odeur du Stade de La Redoute en notre fort intérieur.

 

Allez c’est parti pour la fin du chantier qui commence pas Dos d’Ane (et là ça rigole déjà moins, voir plus du tout!), ça grimpe fort, ça escalade, le vide est omniprésent, le sentier étroit, bref le pirate sert les fesses, version litre d’huile (et oui le vide c’est définitivement pas mon truc. Tu me diras l’eau non plus, ahah!). On vient à bout du sujet à 8h16 samedi matin, non sans un certain soulagement, ouf. Maintenant c’est le chemin Ratineau, puis La Possession qui nous laisse imaginer le fameux, le tant attendu, l’unique Chemin des Anglais. Une forme de juge de paix en version pierres de laves et sèche cheveux volcanique, ça va décoiffer. L’air y est rare et chaude, que dis-je bouillante et étouffante, bref un morceau de 10km ou l’on laisse quelques plumes. Et comme prévu, on en a laissé des plumes…mais pas nos ailes.

 

 

Mais enfin se profile la montée du Colorado, superbe, longue, chaude et magnifique et c’est surtout la dernière avant la descente sur la Stade de la Redoute et l’on sait tous les deux que nos dernières forces seront lancées dans cette last montée, yeahhhh. Mais qu’il faut aussi en garder pour la last descente à la fois technique et très casse gueule (Cailloux, racines, marches, un concentré de difficultés juste pour terminer, trop facile sinon, hein!)

 

Le Stade de La Redoute:

 

On aperçoit enfin le dernier ravito, et la les yeux brillent, il ne nous reste que 4,5 km de descente vers la ligne d’arrivée.  On avalera ce dernier obstacle en 48 minutes, tranquille, sans risque, c’est suffisamment complexe sans avoir besoin d’y rajouter un vol planée. Nous sommes concentrés, il fait lourd, chaud et oui on se rapproche du niveau de la mer et la chaleur est pesante, voir asphyxiante. On dégouline, on se liquéfie au fur et à mesure que la descente s’opère. En somme, on réduit le rythme, on le sait tous les deux maintenant notre pari fou va être atteint dans quelques minutes alors soyons patients, dégustons, savourons ces instants avec délectation et bonheur. On voit la famille de Jérôme, les visages sont rieurs, joyeux, heureux, Dorothée, Isabelle et Henrique sont là sur le Stade, mes yeux se remplisse de joie à sa vue, trop bon de voir sa bouille, lui qui a participé à cette Diag mais a du abandonné au 120eme km sur blessure. Trop content de le voir en  bonne santé et trop fier de son parcours de diagopote 2021. Fais gaffe Henrique, on y prend goût !

 

Nous passons la ligne ensemble en 43h43 en 546ème position les bras levés, heureux, joyeux, tous les deux, nous l’avons fait main dans la main, de vrais diagopotes. Merci Jérôme, je suis très fier d’avoir été ton fidèle compagnon tout au long de cette formidable aventure. Alors jamais deux sans …. ben on verra !

 

Et deux dodos pression, deux et même trois, hein Henrique ! Ici commence l’aventure…

 

 

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