E-Prolongation: Réponses aux questions
Je vous propose une E-Prolongation en répondant à l’ensemble des questions posées pendant la E-Conférence et vous invite à regarder le film documentaire « 2300 miles & moi » en accès libre (cliquez sur le lien).
C’est pas cool ça ?
C’est parti pour 30 questions et donc 30 réponses et bam !
Question n°1 de Ghyslaine Guiraud : Coucou Pierre. Alors c’est comment une tempête dans l’Océan et les vagues quelle taille ? t’as croisé des requins ? des baleines ? des oiseaux ? merci bises et BRAVO !!!!
Réponse : Pour avoir vécu un coup de vent (tempête de 24h) la première semaine, c’est juste énorme. La taille d’un immeuble de 4 étages, entre 4m et 8m voir plus certainement. Mais c’est surtout la puissance des vagues qui déferlent sans arrêt sur le bateau, la violence, un vrai chantier 😊. J’ai nagé malgré moi avec un grand blanc, sic, un oiseau s’est posé sur mon bras, magique, donc oui il y a une vie en mer et c’est magnifique d’en être l’invité privilégié.
Question n°2 de Siham Bouyouaaran : Comment tenir debout quand on fait face à un ou des échecs ?
Réponse : Certainement en restant positif, en partageant avec d’autres pour mieux analyser et comprendre, pour en tirer les grands enseignements. Se remettre en question pour pouvoir repasser en mode action et rebondir le plus rapidement possible. Il n’y a que ceux qui ne font rien qui ne font pas d’erreur.
Question n°3 de Maxime Broband : Es-tu d’un naturel positif ou as-tu travaillé sur la pensée positive spécifiquement pour ce projet ?
Réponse : Je suis quelqu’un qui est plutôt très positif de nature. Mais cependant je me suis beaucoup inspiré de personne comme Nathalie Benoît pour encore plus positiver et apprécier chaque instant avec passion, saveur et privilège.
Question n°4 de Philippe Marconi : Mis à part les bananes et le coca, comment tu t’es alimenté ?
Réponse : L’alimentation est évidemment essentielle dans une aventure de ce type comme dans la vie en général. Je n’ai pas fait le choix du tout lyophilisé (uniquement des collations 4 x par jour pour les apports vitaminiques et sels minéraux). J’avais une cocote minute et je me faisais des pâtes, riz, boulgour agrémenté de boite de conserves (hareng, thon, etc…). Regarde le film, il y a un passage sur l’alimentation assez explicite. Ceci étant dit, c’est un vrai sujet duquel j’ai beaucoup appris pour mon alimentation actuelle.
Question n°5 de Carine Cappelletto : Comment rester motivée dans cet objectif ?
Réponse : Ah la fameuse motivation qui s’émousse au fil du temps et des obstacles rencontrés. Disons que pour résumé, il faut tout simplement ne jamais le perdre de vue cet objectif, chaque pas nous en rapproche et que son atteinte n’est finalement qu’une question de temps et de détermination. Ça aide à relativiser les nombreux écueils rencontrés et à poursuivre son chemin vers l’objectif. Me concernant, mon objectif était de passer de l’autre côté et de faire un beau voyage. Je n’y ai jamais dérogé, j’ai adapté, modifié, combattu mais jamais abandonné cette idée. Dons oui la détermination est essentielle. Mais il faudrait un peu plus de temps pour en discuter car j’ai quelques éléments plus développés (il faut un peu plus de temps c’est certain)
Question n°6 de Marianne Rolot : Cette question de, il n’y a pas de hasard, qu’est-ce que tu peux dire de plus ? Croyance ? Force supérieure ?
Réponse : Sans aller aussi loin mais avec plus de temps on pourrait développer, il n’y a pas de hasard mais des rencontres, avec les autres, avec soi. Je ne me suis pas retrouvé au milieu de l’Océan par hasard. Mon pote m’a invité au salon nautique, j’ai rencontré ce petit homme qui m’a allumé les yeux, il est devenu mon parrain, j’ai traversé avec son bateau, que des rencontres qui m’ont donné une force supérieure certainement et m’ont permis de faire quelque chose d’extra-ordinaire. Dépasser ses croyances, ses peurs pour accéder aux forces supérieures, certainement.
Question n°7 de Marc Duhamel : Finalement Pierre, si c’était à refaire, qu’est-ce que tu améliorerais ou changerais ?
Réponse : J’aurais tendance à dire rien car j’ai fait un beau voyage et j’ai réussi à passer de l’autre côté. Mais en fait, je sais au fond de moi que si je repartais, un jour, on ne sait jamais 😊, je changerais plein de petites choses techniques et conviviales. Mais chuttt…ça s’appelle l’expérience 😊
Question n°8 de Véronique Tronchot-Hilaire : Comment travailler le mental ?
Réponse : Personnellement, j’ai surtout travaillé sur mes peurs pour renforcer mon mental et surtout ma confiance et ma sérénité. Je suis fortement sorti de ma zone de confort à de nombreuses reprises pendant la préparation pour mieux appréhender les différents cas extrêmes possibles (chavirage, survie, etc). En résumé, je me suis préparé à ce que j’imaginais être le pire pour toujours avoir différentes solutions en cascades pour m’en sortir. Je me suis aussi préparé à accepter de prendre les moins mauvaises décisions du moment mais à les prendre quand même pour rester dans le mouvement et l’empirisme permanent. Plus tu apprends vite, mieux tu t’en sors.
Question n°9 Cédric Macia : Comment tu as fait pour ne pas boire l’apéro pendant 42 jours ?
Réponse : L’apéro a été un vaste sujet et pour divers mauvais choix je n’ai effectivement plus eu de liquide précieux après 15 jours. Donc j’ai fait des apéros grenadine comme les gosses 😊. En gros j’ai fait sans alcool et que je me suis rattrapé depuis 😊
Question n°10 de Romain Flandin : Pierre, sais-tu comment tes très proches ont vécu l’instant présent pendant ta traversée ??
Réponse : Oui car j’en ai beaucoup parlé avec eux au retour. Pour résumé un grand sentiment de fierté mélangé à beaucoup d’inquiétudes. C’est pour moi beaucoup plus difficile pour celles et ceux qui restent à terre que pour ceux qui partent. Après, il y a eu une énorme solidarité à terre et presque comme un catalyseur pour les amis, la famille, les proches, une véritable force s’en est dégagée. Très puissant et instructif pour tout le monde. Chacun a pris son morceau d’aventure, très beau.
Question n°11 de Caroline Parfait : Combien de temps a duré la prépa ?
Réponse : Exactement une année complète, 12 moins intenses 😊
Question n°12 de Salim Merzoug : La préparation sert-elle à prendre confiance en soi en se nourrissant du savoir et de la connaissance des pairs ?
Réponse : Complètement, la préparation est essentielle pour augmenter sa confiance en soi et aux autres et c’est une excellente nouvelle car cela ne dépend que de nous et personne d’autre.
Question n°13 de Pierre-Henri de le Rue : Et les tendinites ?
Réponse : Beaucoup de travail d’étirements et de relaxation musculaire après chaque round de rame (environ 8 x par jour) et des exercices spécifiques travaillés à terre et adaptés au peu d’espace dans le bateau et en position allongée (impossible debout) à répéter plusieurs fois par jour (environ 3x). Et beaucoup de massage avec des huiles essentielles (en plus ça mettait une super odeur dans le bateau 😊).
Question n°14 de Jean Luc Imbert : if you fail to prepare, you are prepared to fail !
Réponse : Je dirais même plus, you’re sure to fail 😊
Question n°15 de Fanny Schubnel : Dans ta préparation, as-tu eu de la natation en mer ?
Réponse : En fait je n’aime vraiment pas l’eau donc pas de natation en mer pour moi, oh non 😊
Question 16 de Philippe Marconi : Comment on gère ses émotions ?
Réponse : On est très rapidement seul face à soi-même et aux éléments. Donc par définition en équilibre instable rapidement et permanent. On peut passer de la joie à la colère en un rien de temps, en un éclair, du bonheur à la tristesse. Donc très important de rester calme, pausé et avec un maximum de recul par rapport aux situations. Ne pas céder à la panique, jamais, rester concentré et toujours positif. Avoir autant que possible une attitude positive pour aller chercher le bon côté des choses le plus vite possible avant de se faire des nœuds aux cerveaux ou de se laisser submerger par les mauvaises émotions et laisser s’exprimer les bonnes 😊. En fait on essaye de les gérer du mieux possible et c’est déjà une victoire en soi. Après les laisser s’exprimer peut aussi être une manière de les gérer…
Question n° 17 de Sebastien Jaulent : Bonjour Pierre, merci pour votre retour d’expérience. Comment est-ce que cela a-t-il change votre carrière professionnelle En terme de secteur, fonction, et partage d’expérience avec les équipes ? Merci.
Réponse : Au fond cela n’a pas changé totalement, mais elle a évolué forcément différemment. Au retour j’ai été Directeur Digital pendant 4 ans, puis Directeur Général d’une PME de 70 personnes et puis enfin je me suis senti prêt pour comprendre et transmettre ce que j’en avais retiré de cette aventure. Je suis dorénavant à mon compte comme je l’avais déjà été autrefois. Pour moi l’homme est au cœur du réacteur et ce n’est pas une image c’est une réalité que l’on a juste tendance à oublier voir à maquiller professionnellement. Il me parait donc important de faire prendre conscience aux gens que cela ne dépend que d’eux de se comporter avec respect, bienveillance et que le courage et l’audace sont des ressources manquantes dans nos managements actuels. Ne jamais oublier que la confiance est le liant invisible du succès collectif. Les mots ont de la valeur, le respect des engagements apporte la puissance.
Question N°18 de Jean Habold (Président à vie 😊) : Il se murmure parmi le Clan des frères de rame que tu serais prêt à repartir … en équipage … cette fois ?
Réponse : Il n’y a pas de murmure sans perception d’un certain fredonnement, voire d’une certaine petite musique…J’en ai aussi entendu parler en provenance de plusieurs frères de rames 😊 et comme je ne dis jamais non à un beau voyage entre amis…
Question n°19 de Stéphane Zehnacker : Tu ne te sentais pas seul finalement dans cette solitude océanique, paradoxalement ?
Réponse : Disons que j’ai plutôt pris cette solitude comme un privilège dans un monde qui parait juste de plus en plus en plus rapide, ou le futile prend le pas sur l’utile. Et effectivement, le plus grand paradoxe de cette aventure, en solitaire, sans assistance et sans escale, comme un grand en somme, c’est que seul on ne fait rien, et que rien ne se fait seul. Et encore un fois, ça n’est pas différent à terre, oh non, on n’a juste tendance à l’oublier…
Question n°20 de Céline Verneau-Hoferil : L’important pour sortir de notre zone de confort, vivre un rêve…. c’est s’entourer des « bonnes » personnes qui vont nous accompagner, guider….?
Réponse : La citation de John Lennon « Rêver seul ne reste qu’un rêve, rêver ensemble devient la réalité » me parait opportune. En effet, c’est à partir du moment ou l’on commence à partager ses rêves, ses projets, ses envies qu’ils deviennent réalité. Et pour les rendre réalité alors il faudra sortir de sa zone de confort. Être entouré de personnes de confiance facilite la sortie de zone, toute proportion gardée 😊
Question n°21 d’Axelle Steffen : Comment est ce qu’on « réintègre » la société actuelle quand on a vécu une expérience comme celle-ci qui nous change beaucoup ?
Réponse : Avec beaucoup plus de recul et d’essentiel qu’avant. La vision des situations est plus limpide, plus juste et plus acérée. Au fond il n’y a pas un changement profond de qui l’on est mais plutôt une validation de ce qui est essentiel à nos yeux comme les proches, la famille, les amis et les autres en général. Nous sommes de passage sur une planète incroyable, essayons d’être à la hauteur et de ne jamais l’oublié tout simplement.
Question n°22 de Romain Flandin : Bonjour Pierre, Est ce que la flamme au fond de toi n’est pas en fait née de l’envie de combler un manque dans ta construction humaine ?
Réponse : Je ne pense pas qu’il s’agisse de combler un manque dans ma construction humaine, enfin surtout je n’ai pas pensé à ça. Mais c’est plutôt de vivre quelque chose d’extra ordinaire, un peu comme un rêve d’enfant inavoué qui devient réalité. Je trouve que notre monde est trop sérieux, ou se prend trop au sérieux, il en oublie le côté étincelant des choses simples, la puissance de la confiance, l’importance de la passion, du respect, de l’humilité, du partage et du courage. Et pourtant, il ne tient qu’à nous d’y remédier. J’ai plutôt combler ces manques 😊 avec passion.
Question n°23 de Caroline Gloton : Est-ce que cette traversée a changé ton rapport à la nature ? Est-ce que ça t’aide aujourd’hui avec la situation que nous vivons?
Réponse : Oh oui, Dame nature te remet à ta place avec toute sa puissance, sa beauté et sa sollicitude. Cela m’a fait d’autant plus prendre conscience de sa force et du fait que la moindre des choses que nous puissions faire c’est de la respecter en la protégeant chacun à notre niveau pour continuer à s’émerveiller devant sa beauté et l’impacter le moins possible.
Oui cela m’aide forcément beaucoup, je me ressource à ses côtés quand je le peux, je ne cherche pas à combler un quelconque vide, je profite des moments qui me sont donnés et essaye de savourer au maximum avec recul.
Question n°24 de Cindy Pellegrino : Est-ce que tu as pris conscience que tu l’avais fait ?
Réponse : Oui j’en ai pris conscience en toute humilité et pour moi cela reste avant tout un beau voyage entre ciel et mer 😊
Question n°25 de Véronique Tronchot-Hilaire : Quel est votre prochain projet ?
Réponse : En fonction de l’évolution de la situation actuelle, La Diagonale des Fous en Octobre et peut-être un autre océan 😊
Question n°26 de Marianne Rolot : Descendre du bateau, en sortir en plein milieu de l’océan, comment ça se gère ?
Réponse : Il faut regarder le film Marianne, il y a un passages sur ce sujet. Je m’y étais préparé, je me suis fait violence pour y aller avec un peu de dérision pour dédramatiser. Moment le plus détestable de la traversée me concernant car se retrouver seul avec 4000m de fond, ça été pour moi un très grand moment de solitude. Je l’ai fait et j’ai géré au mieux 😊
Question n°27 de Nathalie Bagadey : Est-ce que ce n’est pas difficile de renouer avec le quotidien après avoir vécu une telle aventure ? Est-ce que ce n’est pas addictif ?
Réponse : Non pas forcément difficile, disons différent forcément. Je dirais que c’est plus le regard des autres des autres qui change, pas le tien.
Ça pourrait être addictif mais me concernant je ne cherche pas à être le Monsieur +, je veux continuer à faire des beaux voyages et en profiter. Prendre du plaisir et se faire plaisir.
Question n°28 de Cédric Macia: Salut Pierre, après avoir réalisé cette aventure … le retour à la vie « normale » n’a t’il pas été trop difficile à gérer ?
Réponse : Après le fameux mal de terre, le corps et l’esprit se réhabituent assez vite au confort à terre. Le retour se fait en douceur et comme tout à plus de saveur, cela se passe plutôt très bien. Et puis je pense que c’est forcément plus difficile pour celui qui n’a pas traversé au fond.
Question n°29 de Thierry Kinderstuth : Une vague c’est un haut et un bas, assez proche du mental qui évolue au gré des événements. Comment avez-vous géré la résilience, la capacité à se remotiver ?
Réponse : J’ai veillé à ce que le mental ne descende jamais trop bas en cherchant toujours le côté positif, la face brillante, en relativisant et jouant beaucoup sur la dérision, le rire pour ne jamais basculer du mauvais côté et rester toujours en énergie positive.
Question N°30 de Noé Liger : Salut Pierre, le fait de suivre aujourd’hui la traversée de Stéphane Brogniart, quelles émotions cela génère-t-il en toi et surtout, en déduis-tu de nouvelles leçons par le fait de certaines réminiscences que tu analyserais peut-être différemment aujourd’hui ?
Réponse : Pour avoir beaucoup échanger avec Stéphane avant et maintenant pendant sa traversée, il y a forcément des images, des situations qui reviennent mais il y a surtout une compréhension de ce qu’il vit, un soutien, un échange, une confiance, un partage qui s’est installé. Chacun sa traversée, chacun son voyage et une seule vérité, ça n’est pas toi qui décide, toi tu d’adaptes au mieux. Et c’est déjà pas mal 😊
Ici commence l’aventure !