Grand Raid des Pyrénées 2019 – ULTRA TOUR inside

Le Grand Raid des Pyrénées version Ultra Tour, 220 Km dont 12500 m D+, arrive à peine un an après avoir terminé la Diagonale de fous en entier. Le GRP c’est 60 km et 3000 m D+ supplémentaires par rapport à la mythique Diagonale, rien que ça. Mon terrain de jeu, les Pyrénées, ses pistes, ses cols, ses sentiers, ses pierriers interminables, ses passages aériens, ses cascades, ses lacs, ses longues montées et descentes, sa météo pouvant être difficile, son altitude max à 2900 m, bref un vaste programme m’attend pour cette nouvelle aventure.

 

Et maintenant place aux choses sérieuses, oui mais avec le sourire, il parait que c’est une de mes caractéristiques principales, il paraît ?. Le plaisir avant tout est une doctrine qui n’empêche pas le sérieux de la préparation et la conscience du chemin à parcourir pour arriver à ses fins. Qui ne sont jamais une fin en soi, mais toujours une étape vers d’autres horizons, question d’appétit ? Ça tombe bien j’ai faim d’aventure, de nature, de découvertes, d’essentiel, de surprises…

 

La météo s’annonce idéale, elle le sera. En douze éditions, jamais le temps n’aura été aussi radieux. J’ai plus souffert du chaud (coup de soleil, version pirate écrevisse je vous dis) que du froid. Et moi, perso, ça me va mieux. 3 jours de folies estivales dans un décor parfois lunaire. Aucun nuage, pas une goutte de pluie, des paysages visibles en permanence et à 360 degrés, un régal pour les yeux et un bonheur pour le cœur. Vous l’avez déjà compris, j’en ai profité au maximum. Des images époustouflantes gravées au-delà des lieux, sur l’instant, conscient des moments exceptionnels. J’en ai un tiré une force incroyable pour passer les différents et nombreux sommets difficiles, les descentes techniques. Merci Dame Nature de me rappeler si singulièrement ma place et le privilège que j’ai de te fouler avec tant de sollicitude.

 

Départ 6h du mat, jeudi 22/08, de Vielle Aure à 780m d’altitude direction le Pic du Midi à environ 2900m. Départ rapide, trop peut-être car au premier pointage, je suis 45ème , n’importe quoi Pierre. Je ralentis la cadence car la route est encore très longue et semée d’innombrables embuches. A la descente du Pic du Midi le paysage est somptueux avec une vue complète de toute la chaîne des Pyrénées, démentiel et unique. J’attaque la descente, enfin façon de parler car il y a comme toujours pleins de raidillons pour te rappeler que tu es en montagne. Au cas tu l’aurais oublié ?. Autacam (le col mythique du Tour de France) en vue puis la première grosse base vie à Pierrefite au 73eme kilomètre, cela fait déjà un peu plus de 12h que j’ai quitté Vielle Aure. Une heure de pause, je change les chaussettes, les chaussures, short, t-shirt, je ravitaille en eau, Energy Diet (mon secret nutrition, chut) et s’est reparti, il est 19h20. La première nuit se profile, Estaing, Cauterets (110 km effectué, cool c’est la moitié) atteint à 4h14. La température est fraiche, mais pas glaciale. Un petit dodo d’une demi-heure s’impose, un massage (merci les jeunes kinés, vous avez été au top et on a bien rigolé) et on refait le plein pour viser la prochaine grosse base en passant par le refuge des Oulettes (2600m, sic !). La montée pique un peu beaucoup mais elle vaut la peine car dans la descente, je file vers le cirque de Gavarnie absolument splendide. Des cascades à couper le souffle, des falaises à pic (je n’aime pas ça du tout mais je dois reconnaître que la vue est magnifique, saisissante avec le vide à quelques centimètres) et surtout une première nuit sans difficulté majeure. Au CP11 Gavarnie, nous sommes le vendredi 23/08, il est 14h35 et cela fait 32h33’ que je crapahute au rythme du relief (c’est-à-dire pas très vite, mais tout le temps…). Le pirate navigue à la 94ème place, c’est parfait, c’est plus raisonnable pour un marin d’eau douce. Et cette garbure (soupe à base de tout que ce qui est bon ?) avalé au pied du glacier (mon premier, vraiment impressionnant). Elle a fait du bien cette garbure car la montée suivante a juste été dantesque. Surtout qu’elle précédait 5h de montée non-stop depuis Luc-Saint-Sauveur la dernière base vie. 168km au compteur, soit un peu plus que la Diagonale des fous, ça y est je rentre dans l’inconnu mais il me reste un peu plus de 50 km à avaler et encore 3000 m de dénivelé, une paille, une poutre, un poteau, un sapin, je n’en sais rien et en fait je m’en fous. Les lacs sont tellement superbes, d’un bleu médusant et les cascades taillées dans la roche, une tuerie. Et puis je me dis au fond de moi que ça commence à sentir bon ces Pyrénées. La deuxième nuit a été engloutie sans trop d’encombre avec un petit coup de mou, une grosse envie de dormir, sans blague, je n’ai dormi que 1h30 depuis le départ. Alors je me pose, je grignote, je ferme les yeux un petit 1/4 d’heure et hop je repars pour le round final. Technique à souhait un pierrier interminable qui m’a rappelé étrangement le Mercantour version Grande Traversée avec Stéphane Brogniart et Renaud Doby (qui va d’ailleurs gagner le GRP 2019 en 38h, et boum)

 

Il fait chaud, très chaud, je cuis et je recuis. Et je vois au loin le Restaurant Merlans, un mirage ou est-ce bien le dernier ravito, oui le dernier et toc. Après, il ne me reste que 12 km à effectuer pour boucler ce magnifique voyage pyrénéen. Les jambes sont nickels, enfin je trouve, j’ai une patate incroyable, enfin je crois, je suis surpris moi-même par ma fraicheur après 54h d’efforts, enfin on dirait. Je suis tellement bien que les 12 derniers kilomètres seront parcourus en un tout petit peu plus de 2h. J’ai lâché la cavalerie même si j’ai un peu mal aux sabots (sans blague je dois avoir des pieds de hobbit, appelez-moi Frodon Sacquet.) Certainement l’odeur de l’arrivée me galvanise. Je quitte les sentiers, ça devient plat, roulant (c’est bien la première et unique fois de cet exigeant tracé que je vois du plat) pour voir de loin le village, synonyme de ligne d’arrivée, merde c’est bientôt fini (non, là je rigole). Le visage est souriant, les yeux sont rieurs (si si, sous les valises), les jambes légères et affutées (oh le mytho).

 

Après 56h et 08 minutes, je passe la ligne à 14h10 Samedi 24 Août 2019 en 81ème position, cool non ? Un régal et une grande fierté, celle d’avoir été au bout de mon envie, sans bobo et gaver d’images toutes plus magnifiques les unes que les autres et encore faut le vivre pour s’en rendre compte. Ici commence l’aventure…

 

Un grand merci à mon pote Jérôme, qui m’a supporté pendant 56h08. On s’est régalé. Et promis on va faire encore plus grand tous les deux. Et à Cyril Bussat de chez PHOTOSSPORTS pour les superbes images.

 

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